637 - Lettre de Vincent van Gogh à Théodore et Jo - Auvers-sur-Oise le 25 mai 1890

Lettre (637) - Vincent van Gogh à Théodore et Jo

Auvers-sur-Oise - (le dimanche 25 mai 1890)


Mon cher Theo, ma chère Jo,

Merci de ta lettre que j’ai reçue ce matin, et des cinquante francs qui s’y trouvaient.
Aujourd’hui j’ai revu le Dr. Gachet et je vais peindre chez lui mardi matin, puis je dînerais avec lui et après il viendrait voir ma peinture. Il me parait très raisonnable, mais est aussi découragé dans son métier de médecin de campagne que moi de ma peinture. Alors je lui ai dit, que j’échangerais pourtant volontiers métier pour métier. Enfin je crois volontiers que je finirai par étre amis avec lui. Il m’a d’ailleurs dit, que si de la mélancolie ou autre chose deviendrait trop forte pour que je la supporte, il pouvait bien encore y faire quelque chose pour en diminuer l’intensité, et qu’il ne fallait pas se gêner d’être franc avec lui. Eh bien ce moment-là où j’aurai besoin de lui peut certes venir, pourtant jusqu’à aujourd’hui cela va bien. Et cela peut devenir encore mieux, je crois toujours que c’est surtout une maladie du midi que j’ai attrapé et que le retour ici suffira pour dissiper tout cela.
Souvent, fort souvent je pense à ton petit et je me dis alors que je voudrais qu’il fût grand assez pour venir à la campagne. Car c’est le meilleur système de les élever là. Combien je souhaiterais que toi, Jo et le petit preniez un repos à la campagne au lieu du voyage traditionnel en Hollande.
Oui je sais bien que la mère voudra absolument voir le petit et c’est certes une raison d’y aller, pourtant certes elle comprendrait si c’était réellement l’avantage du petit.
Ici on est loin assez de Paris pour que ce soit la vraie campagne, mais combien néanmoins changé depuis Daubigny. Mais non pas changé d’un façon déplaisante,
il y a beaucoup de villas et habitations diverses modernes et bourgeoises très souriantes ensoleillées, et fleuries.
Cela dans une campagne presque grasse, juste à ce moment-ci du développement d’une société nouvelle dans la vieille, n’a rien de désagréable ; il y a beaucoup de bien-être dans l’air. Un calme à la Puvis de Chavannes j’y vois ou y crois voir, pas d’usines, mais de la belle verdure en abondance et en bon ordre.
Veux-tu me dire à l’occasion, quel est le tableau qu’a acheté Mlle. Bock ? Je dois écrire à son frère pour les remercier et puis je proposerai l’échange de deux de mes études contre une de chacun d’eux. J’ai un dessin d’une vieille vigne, dont je me propose de faire une toile de 30, puis une étude de maronniers roses et une de maronniers blancs. Mais si les circonstances me le permettront, j’espère faire un peu de figure. Vaguement des tableaux se présentent à ma vision, qu’il prendra du temps pour mettre au clair, mais ça viendra peu à peu. Si je n’avais pas été malade, depuis longtemps j’aurais écrit à Bock et à Isaäcson. Ma malle n’est pas encore arrivée, ce qui m’embête, j’ai envoyé ce matin une dépêche.
Je te remercie d’avance de la toile et du papier. Hier et aujourd’hui il pleut et fait de l’orage, mais c’est pas désagréable de revoir ces effets-là. Les lits ne sont pas arrivés non plus. Mais quoi qu’il en soit de ces embêtements, je me sens heureux de ne plus être si loin de vous autres et des amis. J’espère que la santé va bien.
Cela m’a pourtant paru que tu avais moins d’appétit que dans le temps et d’après ce que disent les médecins, pour nos tempéraments il faudrait une nourriture très solide. Sois donc sage là dedans, surtout Jo aussi, ayant son enfant à nourrir. Vrai il faudrait bien doubler la dose, ce serait rien exagérer quand il y a des enfants à faire et à nourrir. Sans ça c’est comme un train qui marche lentement là où la route est droite. Temps assez de modérer la vapeur, quand la route est plus accidentée.
Poignée de main en pensée.

t.à.t. Vincent.


Autre référence : Vincent van Gogh The Letters : (875)


Location : Amsterdam, Van Gogh Museum, inv. no. b686 V/1962


Source : Vincent van Gogh. Brieven aan zijn Broeder. Uitgegeven en toegelicht door zijn schoonzuster J. van Gogh-Bonger., Amsterdam 1914


Johanna Gezina van Gogh, née Bonger

(Amsterdam, 4 octobre 1862 - 2 septembre 1925, Laren, Hollande), est l’épouse de Théodore van Gogh et la belle-sœur de Vincent van Gogh.

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Lettre N°637 de Vincent van Gogh à Theo et Jo, d’Auvers-sur-Oise du dimanche 25 mai 1890…


Voir en ligne : Vincent van Gogh - The Letters

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